Sud Ouest du 3 décembre 2005


CINÉMA-DANSES. « Satin rouge » au Festival des Montreurs
d'images. Une lionne de Kabylie va danser sur scène
Le Nombril kabyle


Elle est la vie qui danse, Kolyani la belle. La fille du gorille du général de Gaulle (le commandant Henri D Jouder) ne garde pas son corps pour le seul plaisir de danser. Elle offre à voir, aussi, cette lionne sensuelle de Kabylie. Et prétend qu'ainsi, elle soigne les âmes et les maux. Kolyani (qui voudrait dire « la Bienfaitrice » sur les berges du Gange) est un phénomène. Parcours express pensionnaire en jupe plissée et socquettes blanches à l'école de la Légion d'honneur de SaintGermain-en-Laye, puis, petit rat de l'Opéra, de 8 à 12 ans, sous la férule de Gilbert Meyer, la petite fille modèle se heurte au veto paternel : « Danseuse, ce n'est pas un métier ». Têtue, la gamine en tutu. Elle sera infirmière... et danseuse, na !

Les Dames du Calvaire. Au service des soins palliatifs des Dames du Calvaire, un mourant lui fait cette prédiction : « Un jour, tu iras à Pondichéry découvrir les beautés de mon pays. » Tenu : Kolyani trace la route, de village en village, au sud de l'Inde avec son baluchon. Elle y apprend les subtilités du barathan-natyan (la danse classique sacrée) puis, accompagne quelques mois à Calcutta le travail de Mère Térésa. L'enseignement qu'elle retient « Les gens, là-bas, ont une approche plus paisible, presque zen, de la mort. » Retour au bercail où la jeune femme pratiquera, désormais, la danse-thérapie dans les hôpitaux et les maisons de retraite. À présent, l'art de l'infirmière s'est « orienté » vers la danse égyptienne ou rags et sharki, moins codifiée, plus symbolique que l'indienne. « Une chorégraphie, selon elle, qui a les parfums et les couleurs du lotus, de l'orchidée et de la fleur des champs. Montrer sans se montrer, c'est le secret de cette discipline qui permet à la femme de se réapproprier son corps. » Ce Nombril kabyle aux ailes d'Isis, aux voiles de Zar et Chamadan, on courra... ventre à terre, dimanche à 16 h 30, le contempler sur la scène des Montreurs d'images. Après, ce sera « Satin rouge », film du réalisateur tunisien Raja Amari. L'histoire de Lilia, danseuse de cabaret, qui prend sa vie à bras le corps.
Lilia ou Kolyani, même combat. Au charme, citoyens !