Sud Ouest du 17 septembre 2001



DANSE ORIENTALE

Les bonnes vibrations

D'origine kabyle, Kolyani D Jouder a travaillé avec mère Teresa et dansé pour les mourants. Depuis, elle a fait de la danse orientale égyptienne une thérapie

AGNES LANOËLLE

Kolyani D'Jouder a accompagné des malades du sida et a dansé pour les mourants à Calcutta. « Un choc pour moi. Là, je ne savais plus rien ». Partie en Inde aussitôt son diplôme d'infirmière en poche, c'est en fréquentant de nombreux lieux de spiritualité qu'elle se passionne pour la méditation et la transe. « Comment un être qui se met à danser, devient possédé, habité, et arrive à se dépasser ?», s'interroge-t-elle dans ses recherches qu'elle mène toujours sur le sujet.
En Inde alors qu'elle travaille aux côtés de mère Teresa, les malades la surnomment Kolyani, « la bienfaitrice » dans leur langue, un prénom qu'elle adopte. « Il faut arrêter de voir les mourants comme des morts. Ils sont vivants. La méditation, la transe, les ondulations crééent chez eux un effet hypnotique. Ils souffrent moins et prennent moins de médicaments. Sans se cacher la face on met des gens en état de choc. Â force de parler de la mort, on en a peur et on créé des psychoses », raconte cette infirmière en soins palliatifs devenue « danseuse thérapeute ».
De père kabyle et de mère bretonne, Kolyani est persuadée « être née avec la danse » évoquant des « vies antérieures ». Élevée au sein d'une communauté soudée par la prière, elle en garde des images fortes et troublantes. « Ça m'a toujours touché de voir ma famille en prières et ces femmes qui dansaient en psalmodiant », se souvient-elle. Mais c'est en se rendant avec son père dans les cabarets parisiens, que le choc se produit. Ses yeux d'enfants sont fascinés par la beauté, les costumes de ces princesses de la nuit. «Mais aussi par le regard et l'avidité des hommes même si je ne comprenais pas pourquoi ces femmes se vendaient à eux », dit-elle.

MONTRER SES RONDEURS
La danse indienne rencontrée pendant son séjour dans un pays grand comme un continent, la ramène vers ses racines. «Dès que j'ai été habitée par elle, j'ai voulu en explorer d'autres », dit-elle. Finalement elle se tourne vers la danse sacrée égyptienne, dédiée à la fertilité, parce qu'elle est « féminine et permet la conscience du corps dans toutes ses parties ». Danseuse aux pieds nus tournée vers les autres, Kolyani a fait de cette danse orientale une thérapie pour les maux de l'âme et du corps. « Elle développe l'image de soi positive en ré-habitant son corps tel qu'il est avec confiance, respect, amour ».
Arrivée il y a deux ans en Lot-et-Garonne pour fuir le stress de Paris, elle tente aujourd'hui de développer à la fois une danse et une méthode de relaxation qui redonne « souplesse au corps et légèreté à l'âme ». Ses cours à Agen sont un succès auprès de femmes de tout âge qui redécouvrent sans complexe leur féminité et osent montrer leur ventre et leurs rondeurs. Un succès qui l'a amené à rejoindre pour cette rentrée l'école de danse de Martine Cucchi au Club de la forme. Un foulard sur les hanches, Kolyani D'Jouder peut transmettre cette étrange impression de vibrer de la tête au pied. « Regardez, on peut faire cinq ou six mouvements à la fois. C'est fascinant pour ceux qui regardent parce que cela parait si facile », montre-t-elle. Des vibrations et des ondulations jusqu'à la racine des cheveux qui sont, selon elle, les clés d'une grande plénitude.
Kolyani D'jouder au 05.53.95.76.72 ou au 06.60.47.83.53 ou sur Internet : kolyani@wanadoo.fr

Entre danse et relaxation, Kolyani aide les femmes à redécouvrir leur féminité (Photo André Dossat)